Jour 1 de confinement : c’est l’occasion de me remémorer la genèse de ma vie d’entrepreneur démarrée 12 ans plus tôt. Loin du super storytelling, l’ambition ici est de décortiquer le mélange de raisons et de sentiments qui m’ont fait devenir ce que rien ne me prédestinait à être : patron !
Tu seras un patron mon fils !
Bon, il faut bien avoir en tête que je n’ai jamais entendu cette phrase. Petit, chez moi, « patron » était un gros mot. Seuls les grands pouvaient l’utiliser. Généralement, ils le couplaient aux autres gros mots « salaud » et « capitaliste ».
Ah, oui, pour les entrepreneurs ou aspirant entrepreneurs qui liraient ces lignes : en France, en 2020, « capitaliste » est encore très péjoratif parmi une large majorité de gens. C’était notre cas, à la ZUP de Nîmes dans les années 80, 90, … et j’imagine que ça n’a pas évolué positivement.
Ca explique, en partie, pourquoi j’ai attendu 28 ans avant de me lancer une aventure entrepreneuriale et m’exposer au doux sobriquet de « patron » dans la famille. Vous comprendrez que les qualificatifs « salaud » et « capitaliste » ne m’étais pas attribué … du moins pas au départ … ou tout simplement pas en ma présence !
Mon père, sympathisant CGT, m’a, pourtant, poussé vers ce chemin … malgré lui. Ne nous méprenons pas, il me rêvait, sans doute, plutôt en ambassadeur de la lutte ouvrière. Bercé par la rhétorique guerrière de la lutte des classes : « La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat », j’ai très tôt réfléchi à d’autres modèles d’organisation du travail, d’autres paradigmes.
Aujourd’hui, je dois donc remercier mes parents de m’avoir inculqué ses valeurs d’équité et d’honnêteté. J’ai réalisé, plus tard, qu’avoir vécu ces difficultés économiques, qu’avoir été aux premières loges d’emplois parfois précaires, était une chance pour la construction de ma vie professionnelle. Mais je dois avouer aussi que mon éducation a généré une répulsion persistante à l’idée de devenir patron.
Alors, qu’est-ce qui fait qu’on crée sa boite ?
Des raisons et des sentiments. Des raisons car finalement l’entreprise n’est qu’un moyen de mise en oeuvre d’une idée, d’une envie, d’un concept ou d’une aspiration. Des sentiments car on ne peut pas imaginer l’entreprise sans l’aventure humaine.
Dans mon cas, je n’ai pas créé de société(s) seul. Et je ne l’aurai sans doute pas fait. La SCI familiale avec ma femme. La Jeune Entreprise Innovante avec un ami. C’est bien sûr autour de cette dernière structure, désormais une S.A.S. que va traiter ce blog.
En co-fondant l’entreprise, j’aspirais à créer une aventure humaine différente de ce que j’avais vécu auparavant dans des grands groupes ou des PME de grande taille. J’aimaginais une autre forme de Relations Humaines (ça devrait être la vraie définition de RH) avec mes associés, mes futurs collègues salariés, nos clients et nos fournisseurs.
Les raisons étaient duales : d’un côté, des idées de solutions numériques au service du développement durable et de l’autre, l’envie d’expérimenter un nouveau modèle d’entreprise.